De nombreux sites Internet étaient inaccessibles jeudi matin. L’un des « data centers » du leadeur européen de l’hébergement a perdu son
alimentation électrique.
« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille », a dit un jour un ancien président de la République. Les geeks, eux, citent plus volontiers la loi de Murphy, qui veut que « tout ce qui peut mal tourner mal va mal tourner ». Ces deux adages s’appliquent en tout cas parfaitement à la situation
cauchemardesque qu’a vécue le leadeur européen de l’hébergement de données, l’entreprise française OVH, jeudi 9 novembre.Juste après 7 heures, son centre de données (« data center ») de Strasbourg, où sont concentrées une partie des données de ses clients, a brusquement perdu ses deux alimentations électriques principales. Deux
groupes électrogènes, qui auraient dû démarrer immédiatement pour prendre le relais, sont restés désespérément à l’arrêt.
A peine une heure plus tard, les liaisons en fibre optique reliant un autre data center de l’entreprise située à Roubaix – où elle a son siège – et plusieurs nœuds d’Internet, des lieux fondamentaux d’Internet où s’interconnectent les grands acteurs du secteur (fournisseurs d’accès, de contenus, hébergeurs…) cessaient de fonctionner. Soudainement, les données hébergées par OVH à Roubaix ne pouvaient plus atteindre ces échangeurs autoroutiers du Net, et donc être acheminés aux internautes.
Deux pannes rares
Résultat de ces deux pannes combinées : des centaines de sites Internet, hébergés chez OVH, ont été inaccessibles pendant plusieurs heures, le temps pour les équipes d’OVH de redémarrer les serveurs à Strasbourg et ranimer les liaisons optiques de Roubaix.
Ces deux pannes sont rares. Qu’elles surviennent au même moment l’est encore davantage, d’autant que selon Octave Klaba, le PDG et fondateur
d’OVH, les deux ne sont pas liées. Ce dernier a fait part des avancées dans la résolution des pannes toute la matinée sur Twitter, où les marques de sympathies des experts du secteur côtoyaient plaisanteries, moqueries, voire critiques, vis-à-vis de la fiabilité de la société.
Dans un premier bilan publié à la mi-journée, il a expliqué que l’interruption des liaisons en fibre optique était due à un « bug logiciel », promptement corrigé. Les serveurs ayant continué à fonctionner, cet incident a été rapidement « clos ». La situation était plus complexe à Strasbourg, où le processus de redémarrage des serveurs a pris plus de temps. Si l’électricité a été totalement rétablie, certains services étaient encore en cours de rétablissement en début d’après-midi.
En septembre, OVH avait essuyé une attaque informatique d’ampleur, qui avait fortement perturbé son fonctionnement et rendus de nombreux sites Internet inaccessibles. A ce stade, rien n’indique qu’une attaque soit la cause de la double panne. Dans son message, M. Klaba s’est dit « sincèrement désolé » et a promis, comme il est d’usage pour son entreprise, « de donner tous les détails techniques sur l’origine de ces deux incidents ».