(Crédits : Merydolla/iStock/ThinkStock)
Un homme de 22 ans, présenté comme l’administrateur du très populaire site de streaming « Full-Stream », a été mis en examen et incarcéré la semaine dernière. Le portail reste toutefois actif à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Créé en 2013, Full-Stream est rapidement devenu l’un des principaux sites de piratage à abattre pour l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA). Il faut dire que la plateforme propose près de 10 000 films et 2 000 séries visionnables gratuitement en quelques clics grâce à des lecteurs vidéo intégrés. Elle se place aujourd’hui en 135ème position des sites les plus visités en France d’après Alexa, devant Les Échos, Blablacar, ParuVendu ou Airbnb. Sa page Facebook compte quant à elle 43 000 « J’aime »…
Aux yeux de l’ALPA, il s’agissait surtout du troisième site de streaming illégal consulté par les internautes français – avec plus d’un million de visiteurs uniques par mois et près de 100 000 vidéos vues par jour (selon des chiffres fournis par Médiamétrie). En juillet 2014, le bras armé des ayants droit du cinéma a donc déposé – aux côtés de la SACEM – une plainte à l’encontre de Full-Stream, entraînant l'ouverture d'une enquête préliminaire pour contrefaçon en bande organisée.
Troisième site de streaming illégal français selon l’ALPA
Les investigations des forces de l’ordre ont conduit à l’interpellation de deux hommes à Salon-de-Provence et Grenoble, les 23 et 24 février dernier. « Le principal mis en cause, âgé de 22 ans, reconnaît avoir créé, en 2013, depuis son domicile (…) le site 'full stream'. Il en tirerait des bénéfices via des régies publicitaires avec utilisation de comptes bancaires ouverts dans des paradis fiscaux », a fait savoir vendredi le Parquet d’Aix-en-Provence.
L’intéressé a été mis en examen et – fait rare – écroué. D’après Zataz, il devrait rester au moins quatre mois en prison « en raison de son comportement et ses propos tenus devant le juge »… Une « première » dans ce type d’affaire, selon plusieurs observateurs.
Une BMW, « du matériel informatique et téléphonique dernier cris ont été saisis », toujours selon Zataz, outre un million d’euros (qui seraient cachés sur des comptes bancaires basés à Hong-Kong). « De l’argent perçu via plusieurs régies publicitaires basées en Espagne et en Israël, explique un proche de l’enquête cité par nos confrères. Certaines régies publicitaires venaient les supplier de travailler avec elles. Full-Stream se rémunérait aussi via des plateformes off-shore proposant des vidéos. »
Première étape d’une longue procédure
Les poursuites concernant l’individu de Grenoble, présenté par une source proche du dossier comme un complice présumé, n’ont pas été précisées par le Parquet. D’autres personnes sont encore recherchées pour « complicité active » dans le blanchiment de l’argent généré par Full-Stream, selon nos informations. Ils pourraient à leur tour être mis en examen.
L'enquête va donc continuer, notamment afin d'évaluer le montant exact des gains du site. Viendra ensuite le temps du procès… Rappelons qu’en vertu de l’article L335-2 du Code de la propriété intellectuelle, la contrefaçon en bande organisée est passible de 5 ans de prison et 500 000 euros d’amende, sans parler des éventuels dommages et intérêts pouvant être alloués aux ayants droits victimes.
Du côté de l’ALPA, on se félicite naturellement de ce coup de filet. « La mise examen et le placement en détention de l’administrateur d’un site dédié à la contrefaçon, même si celui-ci n’est pas fermé pour l’instant, est un signe fort à destination de cette forme de délinquance. Celle-ci n’étant pas à l’abri de l’application des dispositions de la justice française » réagit Frédéric Delacroix, le délégué général de l’organisation, contacté par Next INpact.
Source: Next INpact